1- Introduction
Le projet mémoire de l’ANGVC vise deux objectifs :
– Valoriser partout en France les mémoires des Voyageurs notamment celles liées à l’internement pendant la seconde guerre mondiale ;
– Parvenir à la création d’une politique mémorielle nationale liée aux persécutions des « nomades » pendant la seconde guerre mondiale.
À cet effet nous mettons en place deux phases d’actions.
LE PROJET MEMOIRE EN REGION
Au niveau local, partout en France, nous portons, soutenons ou collaborons autour de projet de valorisation mémorielle sur les anciens sites d’internement ou auprès d’acteurs institutionnels ou associatifs.
L’objectif est double, parvenir à la matérialisation des anciens lieux d’internement dans l’espace public et sensibiliser les populations locales.
En 2024, l’ANGVC porte plusieurs projets locaux :
– Participation et/ou organisation de commémorations : à Jargeau, Saliers, Montreuil-Bellay, Moisdon-la-Rivière, etc.
– Participation au comité de pilotage du projet de mémorial à Montreuil-Bellay
– Participation à la création et au commissariat de l’exposition « Le Camp des familles » au mémorial du camp de Rivesaltes (lien vers actualité de l’asso)
– Développement d’un projet pédagogique autour de la mémoire des nomades avec les élèves de l’académie d’Arles.
– Participation et organisation d’évènement (colloque, rencontres, etc.)
– Organisation d’une journée de commémoration dédiée à la mémoire du génocide des Rroms et Sinti d’Europe, le 2 août au Mémorial du camp de Rivesaltes.
LE PROJET MEMOIRE AU NIVEAU NATIONAL
Au niveau national, l’ANGVC entend parvenir à un changement radical des politiques mémorielles actuelles qui sont insuffisantes, voire inexistantes.
Nous souhaitons porter les luttes mémorielles afin de parvenir à des avancées concrètes : reconnaissances de toutes les persécutions, indemnisations des spoliations, création d’une fondation pour la mémoire, intégration de cette histoire dans les programmes scolaires, etc.
À cet effet, l’ANGVC travaille autour de 3 axes :
– L’élaboration d’un carnet pédagogique à destination des enseignants
– Formation de bénévoles de la mémoire
– Rédaction d’un rapport sur les persécutions qui aura vocation à la création d’une commission nationale pour la vérité autour des persécutions. Nous entendons faire collaborer descendants d’internés nomades, historiens, institutionnels et société civile afin d’y parvenir. L’Association ambitionne la publication d’un premier rapport en 2025.
Pour réaliser ces objectifs l’ANGVC a besoin de vous, descendants d’internés ou citoyens sensibles à ces questions.
Vous pouvez nous aider de plusieurs façons :
– Rejoignez-nous en devenant adhérent de l’association
(https://www.helloasso.com/associations/angvc/adhesions/adhesion-angvc)
– Devenez bénévole de la mémoire (https://www.angvc.fr/missions-de-benevolat/)
– Organisez des évènements locaux (commémorations, rencontres, etc.) (lien vers formulaire contact)
– Aidez-nous financièrement en faisant un don spécifique au projet mémoire (permet de financer l’organisation d’évènements, les déplacements des bénévoles, les gerbes de fleurs, la coordination du projet, etc.)
https://www.helloasso.com/associations/angvc/formulaires/2
2.Jargeau
Le projet
L’ANGVC participe aux commémorations annuelles, en 2023 elle sera présente pour prononcer un discours et procéder à un dépôt de gerbe en la mémoire des anciens internés du camp.
En marge de ces commémorations et invité par le CERCIL Musée – mémorial du Vel d’Hiv l’ANGVC proposera une conférence publique sur les droits, les mémoires et les luttes des Voyageurs.
Quelques mots sur l’histoire du camp
Le camp de Jargeau a joué un rôle significatif dans l’internement des nomades en France de mars 1941 à décembre 1945. Avec environ 1 700 personnes internées, dont 1 200 nomades, il figure parmi les plus importants camps d’internement de nomades du pays, à la fois en termes de nombre de détenus et de durée de fonctionnement.
Les familles, composées de 500 adultes et près de 700 enfants, ont été entassées dans des baraques en bois de 30 mètres sur 6, dans des conditions de vie épouvantables. Les baraques étaient mal isolées, mal chauffées, sans aération, devenant étouffantes en été et glaciales en hiver. Les familles étaient divisées en « cases » d’environ 20 m², qui s’ouvraient sur un couloir avec un seul poêle. Les lits superposés étaient garnis de paillasses, souvent sans draps, et en août 1942, chaque « case » abritait en moyenne 8 à 9 personnes.
Le camp était entouré d’une clôture de barbelés de 2 mètres de hauteur, doublée de rouleaux de barbelés de 1 mètre de large. Le personnel de surveillance comprenait des gardiens auxiliaires recrutés par la préfecture du Loiret, ainsi que des gendarmes et plus tard des douaniers du Sud-Ouest.
Les conditions de vie étaient effroyables, avec un sol boueux, des sanitaires défectueux, des problèmes d’infestation d’insectes et d’hygiène déplorable. Dès l’automne 1941, des hospitalisations à Orléans étaient nécessaires en raison de la malnutrition, et au moins 45 décès ont été enregistrés entre mars 1941 et août 1944. Parmi les 44 enfants nés au camp, huit n’ont pas survécu.
Malheureusement, les demandes d’amélioration des conditions sanitaires ont été rejetées par le préfet du Loiret en août 1941, en raison du statut indésirable des nomades.
À partir de 1942, des épidémies de rougeole, de typhoïde et de diphtérie ont incité l’administration à prendre des mesures pour éviter leur propagation hors du camp.
Une école primaire a été mise en place dans le camp, où les enfants recevaient une éducation régulière ainsi que des vêtements propres, du lait et des biscuits.
La Libération de la France en septembre 1944 n’a pas signifié la fin de l’internement pour les détenus du camp de Jargeau.
Ils ont été expulsés du camp le 31 décembre 1945, sans aucune assistance, subsides ou nourriture, même après l’installation du Gouvernement provisoire de la République française en septembre 1944, qui avait maintenu leur internement pendant 16 mois.
Aujourd’hui, le camp de Jargeau, qui a accueilli plus de 1 700 personnes, dont 1 200 nomades et 700 enfants, est marqué par un collège construit sur son emplacement.
Une plaque commémorative a été installée au sein du collège dans les années 1990, et une cérémonie annuelle est organisée le deuxième mardi de décembre pour honorer la mémoire des personnes internées dans ce camp.
3.Rivesaltes
Le projet
L’ANGVC a signé un partenariat en octobre 2023 avec le Mémorial du Camp de Rivesaltes afin de préparer une nouvelle exposition sur l’internement des « nomades » au camp de Rivesaltes pendant la seconde guerre mondiale. Ce partenariat vise à l’élaboration des contenus de l’exposition, ainsi que la programmation qui sera présentée tout au long de l’année 2024. L’exposition sera inaugurée le 29 février 2024 et présentée jusqu’en janvier
2025.
Quelques mots sur l’histoire du camp
Le camp de Rivesaltes a joué un rôle central dans trois conflits majeurs survenus en France, en Europe et en Afrique du Nord en l’espace de seulement trois décennies : la guerre d’Espagne, la Seconde Guerre mondiale et la Guerre d’Algérie. Durant cette période, il a accueilli des milliers de personnes de diverses origines, cultures et nationalités, reflétant ainsi les déplacements forcés causés par ces conflits et les mouvements de décolonisation du XXe siècle.
À l’origine, le camp de Rivesaltes était destiné à être un centre d’entraînement militaire, mais il a rapidement été utilisé pour d’autres fins. Il est devenu un centre d’hébergement pour les étrangers indésirables, un camp d’internement pour les personnes victimes de la politique d’exclusion du régime de Vichy, un camp de déportation vers Auschwitz-Birkenau via Drancy, un camp de prisonniers de guerre allemands, une zone de transit pour les supplétifs étrangers de l’armée française, et enfin un « Camp de regroupement des Harkis et de leurs familles ».
Le camp de Rivesaltes a hébergé des Républicains espagnols, des Juifs étrangers, des « nomades », des prisonniers de guerre de l’Axe, des Harkis, des prisonniers FLN, des Guinéens, des nord-Vietnamiens, et d’autres groupes, tous vivants dans des conditions souvent très difficiles.
Après sa construction, le camp a été utilisé à des fins militaires pendant la Seconde Guerre mondiale, puis a été transformé en centre d’internement administratif pour les « étrangers indésirables » sous le régime de Vichy. Il a également joué un rôle majeur dans la déportation des Juifs étrangers vers Auschwitz.
Pendant l’occupation allemande, le camp a été évacué pour servir de caserne militaire, mais il a de nouveau été utilisé après la Libération comme centre de séjour surveillé pour les personnes soupçonnées de collaboration, ainsi que comme dépôt de prisonniers de guerre de l’Axe.
La Guerre d’Algérie a également laissé son empreinte sur le camp, avec l’accueil de recrues en partance pour l’Algérie et la création d’un centre d’incarcération pour les militants du FLN.
Enfin, le camp a été utilisé pour accueillir les Harkis et leurs familles à partir de 1962, en tant que « Centre d’accueil des Français de souche nord-africaine ».
Après leur départ en 1964, le camp a brièvement hébergé des militaires guinéens et nord-Vietnamiens, avant de revenir à sa vocation militaire.
Plus tard, entre 1986 et 2007, un petit centre de rétention administrative pour étrangers expulsables a été installé sur l’un des îlots du camp.
4.Saliers
Le projet
L’ANGVC participe aux commémorations annuelles à la mémoire des internés du camp de Saliers, elle y prononce un discours et participe à un dépôt de gerbe.
En 2024 l’ANGVC porte également un projet pédagogique à destination de classes de CM2 de l’académie d’Arles. Ce projet vise à à sensibiliser et faire travailler les élèves sur des parcours d’internés du camp de Saliers et de préparer leurs interventions aux commémorations 2024.
Quelques mots sur l’histoire du camp
Le camp de Saliers, situé près d’Arles en France, a été le témoin des souffrances endurées par les « nomades » pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dès le début du conflit, les « nomades » sont devenus suspects en raison de leur mode de vie nomade, qu’on soupçonnait d’être lié à l’espionnage pour l’ennemi.
En septembre 1939, des interdictions de circuler ont été imposées aux nomades, et en avril 1940, un décret les a assignés à résidence sur l’ensemble du territoire métropolitain pour la durée de la guerre.
À partir de la fin de l’année 1940, les « nomades » ont été progressivement internés dans des camps, initialement construits pour les réfugiés républicains espagnols.
En 1942, des camps spécifiques ont été créés pour eux. Le camp de Saliers a été choisi pour regrouper tous les « nomades » assignés à résidence dans la zone sud de la France, avec l’objectif de les contraindre à devenir sédentaires en les employant à la vannerie, une activité considérée comme traditionnelle dans la région.
La construction du camp visait également à des fins de propagande, afin de rassurer les gouvernements étrangers sur le sort des internés du régime de Vichy.
Cependant, le camp de Saliers s’est rapidement heurté à de nombreux problèmes.
Les conditions de vie étaient très difficiles, avec des baraques inhabitées, un manque de chauffage, d’eau et d’électricité, ainsi qu’une promiscuité entre les familles.
Les internés étaient mal ou peu vêtus, souffraient du froid et des parasites, et les rations alimentaires étaient insuffisantes, en partie détournées vers le marché noir.
Les enfants étaient particulièrement touchés par ces conditions de vie difficiles.
Face à ces problèmes, les autorités ont dû procéder à des libérations et à des transferts vers d’autres camps dès le début de 1943. Le camp de Saliers a finalement été évacué en août 1944 et pris pour cible par les Alliés, qui le confondaient avec un camp allemand. Les « nomades » internés à Saliers, environ
700 personnes, ont été spoliées de tous leurs biens, y compris leurs roulottes, et n’ont jamais été indemnisées par le gouvernement français.
Après la guerre, en 1953, le camp de Saliers a servi de décor pour le film « Le Salaire de la peur » Henri-Georges Clouzot.
En échange du prêt du site, le réalisateur s’est engagé à le raser après le tournage, le restituant ainsi à une utilisation agricole. Le site n’a été commémoré qu’en 2006 avec l’installation d’une plaque commémorative.